Disons-le tout net: le conseil municipal de ce samedi 22 novembre,
commencé à 8h30, était copieux, trop, sans doute, par la quantité de
sujets importants qui auraient mérité mieux que les débats du conseil:
des débats publics.
Budget supplémentaire, tarifs
scolaires, politique de sécurité et de prévention de la délinquance,
conseils de quartiers, logements sociaux...Ce n'est pas rien.
Mais,
malgré une certaine capacité collective de la nouvelle municipalité à
se partager la parole (cela change au moins de l'ancienne) et à répondre
à l'opposition, l'équipe de Mme Ducret montre les impasses de son
programme:
Des promesses de baisses d'impôts difficiles à tenir:
L'équipe
Vignoble a,au fil des ans, créé une situation difficile : fort
endettement de la commune, effectifs municipaux pléthoriques pour une
commune de cette strate, et, en tout cas, peu en rapport avec le service
réellement rendu aux habitants, faiblesse corollaire des
investissements... Il faut de sacrés efforts pour sortir la ville de
cette situation.
Le débat sur le budget supplémentaire a
montré en tout cas qu'il serait bien difficile à la nouvelle équipe de
tenir sa promesse de réduction de 3% de la fiscalité locale tout en
faisant les investissements nécessaires, à réduire rapidement le
personnel tout en respectant son statut, et sans diminuer
considérablement les pourtant relativement maigres services rendus à la
population.
Certes, on a voté quelques recettes de
poche avec la taxe de séjour et le principe de vente de véhicules et de
biens mobiliers. Mais notablement pas assez pour compenser les baisses
de ressources dues à des surestimations des recettes fiscales et aux
baisses de dotation. A l'échelle du budget de la commune (33 millions
d'euros), perdre 400 000 euros n'est peut-être pas grand chose, mais
comme on ne peut pas si facilement et si rapidement tailler dans le
fonctionnement, cela veut dire qu'on n'investit quasiment plus, si ce
n'est pour des réparations urgentes.
Budget participatif
Dans une telle situation, il serait particulièrement intéressant d'associer le maximum de forces vives
aux choix à opérer. Nous prônions la mise en place d'un budget
participatif permettant à chacun de mieux percevoir la situation de la
commune et d'opérer des choix en toute responsabilité:
- Etat des lieux incluant l'état du patrimoine communal (écoles et autres équipements municipaux);
-
Etat des besoins de la commune à court, moyen et long terme, en
investissement (programme prévisionnel) et en services à rendre aux
habitants,
- Etat précis du personnel, de ses possibilités réelles
d'évolution de carrière et de mobilité externe; de sa capacité à
s'engager lui-même dans une maîtrise de la masse salariale; des
possibilités de retour en régie d'activités...
- Choix d'économies budgétaires réalistes à court ou moyen terme;
- Evolution de la fiscalité en fonction de ce contexte et révision du calcul des bases.
Une
telle démarche aurait sans doute permis de ne pas sortir des slogans
dogmatiques, mais de faire consentir à chacun des efforts permettant un
redressement financier de la commune qui ne compromette pas son avenir.
Sécurité et prévention:
Sujet
philosophique: Comment une caméra passive peut-elle "protéger"? Toute à
sa vision idéologique et technocratique de la sécurité, la nouvelle
municipalité tombe à pieds joints dans la mode coûteuse de la prétendue
"vidéo-protection" au moment où les Anglais s'aperçoivent, austérité
oblige, de la gabegie qu'a entraîné sa politique systématique
d'installations vidéo. En 2008, Scotland Yard reconnaissait publiquement
que cette politique était inefficace.
Un coût exorbitant pour un résultat contestable
L'examen
des expériences internationales et de l'expérience française (un
rapport de 2011 demandé par Brice Hortefeux en fait la démonstration
involontaire) montre que le taux d'élucidation des délits n'est pas
sensiblement plus performant dans les communes où il y a des caméras que
là où il n'y en a pas.
Le Départeent de la Justice des Etats Unis
indique qu'à terme, elles ne peuvent ni faire reculer seules la
délinquance ni rassurer la population.
Bref, le bénéfice recueilli est surtout celui des sociétés qui les fabriquent.
Voisin vigilant, ou voisin solidaire?
L'autre gadget de la municipalité est le dispositif "voisins vigilants".
Certes,
la sécurité est un bien commun. Tout citoyen a un rôle à jouer pour
prévenir la délinquance, pour contribuer à la tranquillité publique,
pour développer une culture du risque, afin d'éviter de se mettre en
danger lui et sa famille.
Mais la question de la
sécurité et de la vigilance entre voisins ne peut être traitée à part :
elle doit être intégrée à un effort global vers plus de lien social (ce
qui est vrai pour la surveillance et les risques de cambriolages l'est
aussi pour la canicule, les personnes âgées la surveillance des
enfants, les cas de force majeure ... ).
Il nous parait
plus utile et efficace de favoriser les solidarités de voisinage,
plutôt que d’encourager de possibles dérives vers des milices et une
paranoïa permanente uniquement centrée sur la sécurité. A ce titre, les
associations de quartier, les repas de quartiers aident à mieux se
connaître et à développer ces actions d'entraide, que ce soit surveiller
la maison de son voisin quand il est en vacances et nourrir le chat,
aider sa voisine âgée, réprimander un enfant dégradant un jeune arbre,
informer son voisin que stationner sur le trottoir c'est bien gênant.
A quand un vrai Conseil Local de Sécurité et de prévention de la Délinquance?
Cela
ne coûte pas cher, cela pouvait être mis en place rapidement, et cela
peut rendre de grands services. Pourquoi? En réunissant ensemble Mairie,
Police nationale, structures de la jeunesse, bailleurs sociaux et union
des commerçants, on peut, ensemble, mutualiser, analyser et compléter
les statistiques de la délinquance, réaliser un état des lieux partagé.
On
peut donc, ensemble, coordonner les actions entre tous, éducateurs,
bailleurs, commerçants et police. C'est cette mobilisation humaine qui
permettra, d'abord, des actions de prévention efficaces, et, chaque fois
que nécessaire, une action policière ciblée. La technique peut,
ensuite, et à bon escient, venir à l'appui de cette mobilisation des
acteurs de la ville. Mais pas l'inverse.
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